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Les dernières parutions de nos membres :
  - Sept histoires à rebrousse-poil

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Pourquoi « à rebrousse-poil » ? Parce que, deux nouvelles tragi-comiques mises à part, ces Histoires abordent des sujets qui, d’habitude, sont traités par des savants ou des essayistes évitant les « pièges » de l’imagination, du subconscient et du langage, qui est de mèche avec eux. Qu’il soit question du Nom propre, ou du Lieu, l’auteur a tenté de capter le film ininterrompu se déroulant dans les « sous-sols de nous-mêmes », et de faire monter à la surface les représentations et les fantasmes qui ne cessent d’y défiler. Les images, affirmait Ramuz, sont pour notre psychisme plus vraies que la « réalité ». Ce peuvent être, dans ce livre, celles d’un peintre imaginaire ; ou encore celles de cinq rêves authentiques et des associations inattendues qu’elles suscitent. Ecrire à rebrousse-poil peut être autre chose : par exemple, narrer une expérience insolite des USA ; ou montrer, à propos de la réception des œuvres littéraires de Grisélidis Réal, comment notre intelligentsia peut être machiste, consciemment ou non. Ecrire à rebrousse-poil, c’est penser qu’il existe une manière proprement littéraire de parler du monde, des femmes et des hommes, créatrice d’un « savoir » qui n’est pas celui des sciences humaines ; entre autres différences, la présence d’un humour saugrenu, dont Apollinaire disait qu’il est le plus sûr garant du sérieux.

  - Marcel Duchamp ou Les Mystères de la Porte

Duchamp était un membre éminent du Collège de ´pataphysique, science des cas particuliers et des solutions imaginaires inventée par Alfred Jarry. Duchamp ayant déclaré que ses dieux étaient Rabelais et son admirateur Jarry, j’ai voulu, à l’exemple de Marcel et au leur, faire se côtoyer dans ce petit livre l’humour et le sérieux ; car je crois avec Apollinaire, ami et premier exégète de Duchamp, que l’humour est l’un des plus sûrs garants du sérieux.
Rabelais et Jarry ont le don de prêter autant d’importance à la merdre qu’à la spiritualité, à la grossièreté farcesque qu’à l’abstraction la plus austère. C’est aussi le cas de Duchamp : les deux énigmatiques et célèbres Portes qu’il a conçues sont aux antipodes l’une de l’autre ; c’est ce qui m’a engagé à parler de l’une en des termes et sous une forme tout différents de ceux convenant à l’exégèse de l’autre, chacune étant un cas particulier, exigeant donc une approche pataphysique. Quant au « roman », il nous apprend que le Père Ubu, fils comme Duchamp d’Alfred Jarry, est devenu grâce à son frère un honnête critique d’art.

Genève, éditions coaltar, 2012, diffusion Zoé. Illustrations en noir et en couleurs

  - Ramuz ou L’intensité d’en bas

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«Ce que je recherche, c'est l'intensité, — celle d'en bas. Comprendra-t-on le sens que je donne à ce mot?» Ce défi lancé par le Journal a été le point de départ de ma démarche. Enquêter en partant du Bas, c'est bous- culer des habitudes bien ancrées. Interrogés d'une manière inattendue, les textes ne demandent qu'à répondre. Ils profèrent une parole inquiète, grave, souvent retorse et surprenante. Le dialogue emprunte un parcours mouvementé, dont les impasses et les relances procèdent de la profonde logique de l'œuvre. Les titres des parties de cet essai : Le règne de l'image, Communication et blocage, Transgressions : mythe et grammaire, Du modèle romanesque au modèle tragique, Mise en abyme et figures du discours, L'espace littéraire, La Bibliothèque de Babel donnent un aperçu des domaines explorés. Qu'il s'agisse des scénarios, des formes ou des drames du langage, la diversité des écrits relève d'un système d'expérimentation à la fois strict et très ouvert. Considérant la multiplicité de ses «bouts de livres», Ramuz dit y voir un «chantier» et demande au lecteur d'édifier avec ces pièces éparses «le livre enfin où l'auteur serait sous toit».
Il importe donc de se mettre à l'écoute de l'inépuisable discours ramuzien, sans pour autant pratiquer une critique d'identification ; de lire les textes dans l'optique des sciences humaines et de la théorie littéraire contemporaines, mais sans les dissoudre dans un alambic préfabriqué. Jai désiré poser clairement de nouveaux problèmes, je ne prétends pas les résoudre tous. Ainsi cet essai se présente comme une phase de l'entretien infini avec une œuvre qui ne cesse de nous interpeller.

  - Les Trajets du Phénix

Alcools, publié en 1913, est composé de poèmes écrits, et pour la plupart publiés, au cours des quinze années précédentes. Alcools les dispose dans un ordre non chronologique. La réunion de poèmes jusqu’alors épars crée un ensemble où les thèmes et les formes s’éclairent de « feux réciproques » ; Les trajets du Phénix tente de montrer que le plus long poème du recueil, « La Chanson du mal-aimé », composé de plusieurs parties, constitue dès 1903 un microcosme prophétique de l’ensemble d’Alcools et de son parcours.
Ce petit essai de 80 pages doit beaucoup à la fréquentation du Séminaire du C.N.R.S. à Paris, dirigé par le regretté Michel Décaudin.

Editions Minard, 1983 ; épuisé

  - Lecture d’Apollinaire

Le sujet de ce livre est la poésie d'Apollinaire, étudiée en relation étroite avec le reste de son œuvre. Dans la grande diversité qui la caractérise, on peut découvrir quelques schèmes fondamentaux, dégager leur sens et les lois de leur fonctionnement. Cette analyse se double d'un désir de comprendre comment se sont opérées les transformations de l'œuvre, transformations qui fondent de nouveaux types de rapports entre la poésie et l'événement. La poésie d'Apollinaire, à la faveur de ses changements, appelle diverses sortes de lecture. L'acte de lecture - constitution d'un sens - est peut-être la seule opération importante qu'exigent quelques poèmes considérés Ici comme des « machines à lire ». Les rapports entre le créateur et le poème sont solidaires de ceux qui naissent entre le poème et le lecteur.
Mais l'entreprise littéraire, chez Apollinaire, se fonde aussi sur une conscience aiguë de ce qui lie tout écrit à l'univers des mythes, de l'art et du savoir. Une critique soucieuse d'aborder cette œuvre selon ses propres termes, de l'élucider et de la situer, peut avoir avantage à créer à son tour une sorte de mythe, qui emprunte aux poèmes eux-mêmes son modèle et ses éléments : ébauche d'une « mythocritique », attentive à ne pas recouvrir la voix première qu'elle se propose de faire entendre dans toute sa singularité.

Lausanne, éditions L’Âge d’Homme, 1969 ; réédité et épuisé.